Habiterre est un habitat groupé dans le Diois dans la Drôme. Il regroupe 10 maisons indépendantes neuves « écologiques » et une maison commune où le collectif se retrouve de manière plus ou moins fréquente.
Comment j’ai connu Habiterre : en 2022, j’ai fait une immersion de 3 jours à Habiterre dans le cadre de ma formation auprès de la coopérative OASIS. Trois jours passés avec Marc, le fondateur, son charisme, sa gueule, ses phrases frustrantes parfois car elles s’arrêtent avant la fin, son coeur énorme, sa vision politique de l’habitat « non spéculatif » (lorsqu’un foyer part d’Habiterre, il récupère seulement les parts de la SCI qu’il a souscrites). Mon expérience de ce stage m’a fait vivre colère, tristesse, joie, et amour (et où à la fin on s’est tous fait des grands hugs pour une connexion humaine corps et âme :-))
Rappel : cet article a pour vocation de lister ce que j'ai envie de retrouver dans mon futur écolieu idéal, ce que je veux éviter dans ce même éco-lieu, et les apprentissages personnels qu'ils ont pu m'apporter. Ce n'est pas un "avis utilisateur"... |
Fiche technique
- Lieu : 1120, Chemin des Combes 26150 DIE
- Date de création : 2011
- Nombre de résident·e·s : 11 familles pour environ 30 personnes.
- Collectif ou communauté ? Collectif de foyers très indépendants, chacun a sa vie, son rythme, son job.
- Bâti : 11 maisons indépendantes + 1 maison commune
- Surface du terrain : 7500 m2
- Structure juridique principale : SCI à capital variable.
- Fondamentaux du collectif (par le prisme de ma propre perception) : réunir en habitat groupé plusieurs familles avec comme valeurs le partage et l’écologie.
- Ouvert au public ? Non sauf stages.
- Modèle économique : aucun. C’est un habitat groupé avec quelques économies d’échelles, mais sinon cela s’apparente à un lotissement.
- Plus d’infos : www.habiterre.org
Ce que je prends
- Une vision politique forte de Marc sur l’habitat « non spéculatif », c’est à dire qu’un euro investi par une personne dans la SCI le jour d’arrivée se traduit par un euro le jour de sa sortie du collectif. Je ne sais pas si j’y adhère ou pas, ou plutôt, jusqu’à quel point j’y adhère. En tous les cas, Marc va jusqu’au bout du concept. Il a co-créé un système avec le coeur, et ça me touche. En outre, sur le plan administratif, je (re)découvre que le fait d’acheter en SCI à plusieurs, en prenant des parts sociales de la SCI, évite beaucoup de frais (notamment de notaire) lors des entrées / sorties. Cela permet également l’accès au logement aux personnes qui n’ont pas les bons critères bancaires.
- Un ami de Marc, un ermite par choix, perché tout en haut de la montagne, qui est venu en vélo nous rendre visite pour dîner. Un personnage inspirant de super-sobriété heureuse.
- Une maison commune tout en bois, accueillante. Quand on est arrivés avec mon groupe, Marc a dit « ici, c’est chez vous ».
- Evidemment, ces 11 maisons de familles (majoritairement), c’est de l’entre-aide, notamment pour s’occuper des enfants. Et un groupe d’enfants, c’est chouette (pour les adultes tout autant que pour les enfants !).
- La région ? Je prends et je ne prends pas : je prends parce que la région fourmille de modes de vie alternatifs et qu’elles vraiment belle, mais je ne prends pas parce que la Drome, en 2022, était déjà presque à sec, et je n’imagine pas en 2042…
- Une école dans la nature, pas loin de la propriété. Bonne idée, a priori !
Ce que je laisse
- Pas assez de temps passé en commun. En trois jours – certes un séjour un peu court – je n’ai presque pas vu d’habitants à part Marc. C’était chacun chez soi, chacun sa vie, chacun son vélo-boulot-dodo. Ce n’est pas ma vision du collectif. Le planning annonce un petit déjeuner par semaine et une rencontre annuelle de 2 jours. Il y a a priori quelques soirées, jeux, repas, concerts (cités sur le site) mais ça n’a pas transpiré le collectif rapproché. Je laisse cependant le bénéfice du doute en regardant le site web plein de photos d’évènements collectifs, mais du coup, en tant que groupe « Oasis », je ne nous ai pas sentis très accueillis par le reste du groupe.
- Des constructions neuves et indépendantes : 11 maisons ont été construites. C’est confortable (et elles sont très belles !) mais au final, à quoi bon construire autant de maisons indépendantes si on veut du collectif ? D’un point de vue écologie, malgré certaines économies (ex : chauffage central souterrain qui alimente toutes les maisons), c’est peu efficace et ça a demandé de construire encore du neuf alors que le bâti ancien à rénover est disponible partout en France. Et d’un point de vue collectif, c’est trop individualiste pour moi (ce sont des maisons complètes avec une grande cuisine, un salon, une salle à manger…).
- Un sol sec et argileux de la région : quand il pleut, ça coule, quand il ne pleut pas, ça dessèche. Ça sentait le sec partout, c’était limite oppressant…
- … Et je ne me souviens que des micro-potagers (individuels, à l’image des maisons individuels) qui ne donnaient pas grand chose (une fois encore : la terre argileuse + la sécheresse rend les choses compliquées).
Avec quoi je repars, mes pépites
- Marc a su convaincre l’ancien propriétaire (un ancien agriculteur) de lui vendre le terrain « pas cher », en présentant son projet, le coeur grand ouvert. Ça inspire ma vision de « l’acquisition » d’un futur foncier : respecter le lieu, les gens qui y ont vécu, voire pourquoi pas intégrer les vendeurs dans le projet (ex : personnes âgées qui vendent malgré eux car ils ne peuvent plus s’occuper du terrain).
- Je veux plus de collectif, pas une « co-propriété ».
- La fluidité de pouvoir acheter des parts de SCI, y compris si les personnes acheteuseS logent non pas dans un bâti commun, mais dans « leur » propre maison (c’est à dire dans la maison qui leur a été attribuée). Une « astuce » que je trouve bien pensée pour plus de fluidité, la possibilité d’avoir « un bien » de manière quasi immédiate et de dissocier parts de SCI et usage de la maison sans – pour l’instant – de problèmes avec le fisc (frais de notaire, etc).
Cet article a été écrit le 13/08/2023.