L’OAsis du Coq à l’Âme est un très beau éco-hameau au nord d’Angoulême ouvert au public qui propose une ferme pédagogique, des produits locaux (fromage de brebis, pain…). Il se compose d’un terrain de 25 hectares et d’un énorme bâti ancien comprenant notamment d’anciens fours à chaux. Un lieu de caractère qui héberge un collectif vrombissant.
Comment j’ai connu Le Coq à l’Âme : j’y suis allé deux fois. Une première fois lors d’une journée « bénéloves » (les mercredis) pour aider en tant que bénévole, puis un week-end en famille qui mélangeait bénévolat et résidence sur place.
Rappel : cet article a pour vocation de lister ce que j'ai envie de retrouver dans mon futur écolieu idéal, ce que je veux éviter dans ce même éco-lieu, et les apprentissages personnels qu'ils ont pu m'apporter. Ce n'est pas un "avis utilisateur"... |
Fiche technique
- Lieu : Échoisy à Cellettes, Charente (16230).
- Date de création : 2016, pour une installation en 2021.
- Nombre de résident·e·s : 30-35 personnes.
- Collectif ou communauté ? Collectif.
- Taille du bâti : beaucoup trop grand 😉 (au moins 1600 m2 d’habitats prévus + l’ancienne usine de four à chaux, etc).
- Surface du terrain : 25 ha dont 20 ha de surface agricole et 5 ha de surface naturelle
- Structure juridique principale : SCIC + Association d’habitants en bail emphytéotique auprès de la SCIC + Association d’activités reconnue d’intérêt général
- Fondamentaux du collectif (par le prisme de ma propre perception) : au delà de leur raison d’être très généraliste, ce qui est ressorti pour moi est le projet de dynamique territoriale (à l’origine, le lieu de l’association était porté par deux maraîchers-fermiers pédagogiques et une productrice de spiruline)
- Ouvert au public ? Oui.
- Modèle économique : stages, accueil (y compris anniversaires), vente à la ferme de produits locaux (fromages, pain, spiruline), ferme pédagogique, subventions.
- Plus d’infos : www.oasis-ducoqalame.com
Ce que je prends
- Un super espace commun (grande salle avec très grande cuisine) qui permet de faire à manger pour les résident·e·s et les externes.
- Beaucoup de terrain.
- Beaucoup d’animaux, et ils ont leur place ! Des chèvres qui font du lait et dont ils font un très bon fromage; beaucoup de volaille (poules, dindons, des canards coureurs…) un pigeon apprivoisé, des chevaux…
- Des adultes et des enfants. On pourrait presque dire de l’inter-générationnel.
- Une bonne énergie des personnes du collectif.
- Un grand tableau pour noter leur organisation hebdomadaire.
- Certaines personnes référentes ont un bon niveau technique (construction dont éoliennes, maraîchage/animaux…).
- Un fleuve qui passe au pied du domaine (la Charente), c’est top ! Même si a priori il n’est pas autorisé de prélever de l’eau pour l’arrosage.
- Un agenda d’activités ouvertes au public, ça fait de la vie (et potentiellement un modèle économique).
Ce que je laisse
- Trop de bâti ! Il leur faudrait une vie entière pour tout rénover. En attendant, les bâtiments consomment deux fois plus d’énergie qu’un habitat rural classique et la rénovation me semble vertigineuse, même si le collectif semble y aller franchement pour créer des « appartements » par foyer, les uns après les autres. Sans être « minimaliste », je me dis que moins il y aura de bâti, moins il y aura de soucis.
- Une organisation trop mouvante pour moi, en tous les cas pour l’accueil du public que nous étions : on était en immersion un week-end, et le cadre était flottant avec une communication pas très bonne entre les différent·e·s organisateur·ices. J’ai exprimé ma frustration en fin de stage, et une personne du groupe a dit que c’était souvent comme ça qu’ils fonctionnaient, de manière organique, et qu’elle comprenait que les changements de plannings intempestifs pouvait frustrer… Ce qui contraste cependant avec les énormes documents fournis sur leurs sites, avec un cadre, des plannings, etc, voir leur page impressionnante « Nos dossiers techniques »… Ce qui me fait penser à deux pépites (voir plus bas). NB : le 1er mercredi passé là bas en tant que bénévole était, lui, super cadré par l’un des maraîchers.
- De belles intentions mais qui aujourd’hui n’ont pas atteint leur objectif (gageons que cela changera vite cependant !). Par exemple, l’autonomie alimentaire est affichée sur leur site, mais ils ont un petit potager qui ne couvre « rien de nos besoins » dixit le maraîcher (au demeurant très actif et motivé); autre exemple, la sobriété énergétique est également affichée sur leur site, mais pour l’instant, ils consomment deux fois plus d’énergie qu’un foyer type en France à cause du l’ancien bâti. Je me trouve quand même sévère : la projet est énorme, l’équipe est encore à ses débuts, ils font au mieux, et ils ont une vision sur 10 ans ! Ma pépite ? Personnellement, je veux faire moins mais plus vite, ne pas m’engager dans un projet trop gros car je m’essoufflerai forcément.
- J’ai senti une forme de tension sur le sujet de l’argent (PLC pour le séjour, mais carrément un petit « rendez-vous » pour en parler); tension quand des gens viennent visiter la ferme pédagogique mais ne contribuent pas dans la boîte à dons. Beaucoup de gens du collectif sont probablement en équilibre financier fragile à titre individuel, et je pense que le sujet devrait être mis clairement sur la table, sans tabous.
- On a dormi au RDC sous un foyer qui était au 1er étage. Autant dire que l’insonorisation était inexistante et que leurs pas au sol s’entendaient très fort => ma pépite : dans mon futur éco-lieu, à défaut de vivre dans une tiny house isolée, si on est en chambres dans un même bâti, il faudra qu’il soit insonorisé.
Avec quoi je repars, mes pépites
- J’ai vraiment besoin d’organisation et de cadre pour savoir où on va ensemble, pour des raisons de motivation personnelle et d’efficacité dans les projets.
- Je pense qu’accueillir du public est demande des ressources et qu’on ne peut pas tout faire bien. Si les personnes du collectif sont occupés à produire sur place, il faut qu’une personne référente soit désignée pour gérer l’accueil du public de manière individuellement responsable (et donc, sans pensait qu’une tierce personne va prendre le relais).
- Notre ami maraîcher me semblait plutôt directif. Si ça fait bizarre au début avec la tendance à une gouvernance horizontale totale des écolieux, après coup, je trouve que sa directivité était une bonne chose qui a permis une vraie efficacité dans notre travail au potager en sen sentant utile => ma pépite : vive les rôles dans un collectif.
- Avoir du lait de brebis quotidiennement, ça peut se faire plutôt facilement (plus qu’une vache). Vive les animaux sur place !
- Malgré leurs grandes différences avec les locaux (en termes d’opinion politique, notamment), le collectif a réussi à « être intégré » par le territoire et à proposer des activités ouvertes au public. Malgré tout, je crois me souvenir que celleux qui viennent les voir régulièrement ne sont pas vraiment les locaux. Ma pépite ? L’importance pour moi que le territoire et le projet écolieu soient compatibles, le but n’étant pas de s’isoler totalement du territoire où je m’implanterai… Et encore moins d’avoir de l’hostilité des locaux…
- Faire moins mais plus vite, ne pas m’engager dans un projet trop gros car je m’essoufflerai…
- … Et faire moins de « gros documents théoriques » : car déjà, ça me fatiguerait de produire tant de documents, d’autre part la réalité du terrain ne se passe jamais comme en théorie… Donc un gros mindmap me semble bien suffisant pour démarrer ! En plus, dans le cas précis du Coq à l’Âme, c’est très intéressant de voir le contraste entre toute l’énergie qui a été déployée pour faire de beaux grands documents, et un fonctionne plutôt « organique » et flexible au final. Je mets un bémol sur ma vision « moins de docs, plus d’action » : je dois rester vigilant et me méfier de ma tendance à l’impatience, et une vision et un cadre bien ficelés permettent d’éviter trop de perte d’énergie en faisant et refaisant.
- Trop de projets tuent le projet => je vais essayer de prévoir de faire moins, mais jusqu’au bout (ça me rappelle trop les écueils de mon ancienne boîte ! Toustes créatif·ves, plein d’idées, et beaucoup de projets qui souvent n’étaient pas terminés). J’ai besoin d’un projet léger sinon je vais m’épuiser.
Cet article a été rédigé le 13 août 2023.