Vitamine B12, santé et écologie

Parmi mes 22 bonnes résolutions de 2018, je retente d’être végétarien en minimisant les produits laitiers, pour des raisons d’impact environnemental (j’évite notamment la consommation de boeuf et de ses produits). Malgré tout, je me devais de rester vigilant et de m’assurer que mon action écologique ne se fasse pas au détriment de ma santé.

Bilan ? Seule la vitamine B12 peut partiellement manquer à un régime végétarien (et manque assurément à un régime vegan/végétalien). Résultats de mon enquête, et solutions pragmatiques.

Bien avant de commencer Ecolozen, je m’étais déjà passionné pendant des années par la nutrition et la santé, et en gardant un oeil scientifique et critique, j’en ai déduit les risques éventuels de carences liées au régime végétarien.

Carences et écologie

Un régime végétarien (qui inclut oeufs et produits laitiers), mais surtout un régime végétalien (qui exclut ces derniers), s’il est globalement bien meilleur pour la planète qu’un régime omnivore, peut avoir pour conséquences certaines carences.

  • Côté protéines, le risque est faible à moins de faire beaucoup de sport ou de la musculation (je ferai un article sur le sujet)
  • Côté iode, oligo-élément essentiel au corps humain présent initialement dans les produits de la mer, le risque est nul dès qu’on utilise du sel de table industriel qui est enrichi manuellement en iode (décision des pouvoirs publics depuis 1952 car toute la population tendait à en manquer avec des conséquences graves pour la santé mentale, cf. le « crétin des alpes » qui n’est pas une insulte, à la base, mais une maladie grave). On peut aussi manger des algues en très petite quantité pour avoir sa dose d’iode.
  • Finalement, seule la vitamine B12 peut manquer, en particulier dans les régimes végétaliens, car elle se trouve, de manière naturelle, uniquement dans les produits animaux.

Où trouver la vitamine B12 ?

Cette vitamine est synthétisée par des bactéries présentes dans les intestins. Malheureusement, chez les humains, ces bactéries ne sont présentes qu’en fin de digestion (dans le gros intestin) et les vitamines B12 qu’elles sécrètent ne sont pas absorbées par notre corps à ce stade de la digestion, et se retrouvent bêtement dans les matières fécales.

Chez l’humain, donc, la B12 doit venir de l’extérieur contrairement aux bovins, ovins, gallinacés et animaux de la mer… Quant au gorilles, ils mangent leurs propres excréments pour résoudre le problème, solution qui ne sera pas évoquée ici  pour nous les humains 😀

Il y a 3 types principaux de B12 assimilables :

  • la methylcobalamine (présente dans le sang des animaux)
  • l’hydroxocobalamine (présente dans le lait des animaux)
  • la cyanocobalamine (présente dans la plupart des suppléments de synthèse)…

… La B12 de synthèse ?

Les végétaliens et vegans n’ont d’autre choix que de prendre des compléments alimentaires de vitamine B12. J’ai réfléchi à cette option et je la refuse pour plusieurs raisons :

  1. D’un point de vue purement de l’impact environnemental – même si je n’ai pas fait les calculs et que cela reste intuitif – je pense qu’il est préférable de faire pondre des oeufs bio (qui en plus de donner des la B12, nourrissent très bien) plutôt que de construire des pilules de synthèse stockée dans boîtes non recyclables.
  2. D’un point de vue santé, la B12 de synthèse, souvent de la cyanocobalamine, contient du cyanure (en petites quantités, certes, mais quand même)
  3. Finalement cette B12 est l’une des moins assimilables des 3 citées plus haut.

Source : Vegecru

Une solution pour les omnivores : consommer le strict minimum de produits issus d’animaux…

On a absolument besoin de B12, mais on en a un besoin en quantités infinitésimales :  2,4 µg par jour en moyenne. Ce besoin peut être comblé par la consommation quotidienne des produits suivants :

  • En régime végétalien : pas d’autre choix que de prendre des compléments alimentaires.
  • En régime végétarien, au choix :
    • 4 oeufs extra larges (56g pièce), cuits à la coque (jaune d’oeuf non cuit)
    • 80 g d’emmental
    • … Mais 150 à 200 g (!) de parmesan
  • En régime omnivore, au  choix :
    • Tout la liste du régime végétarien
    • Côté fruits de mer
      • 2 à 4 grammes (seulement !) de palourde et bien de certains autres coquillages
      • 5-15 g d’oeufs de poisson
      • 7 à 8 g de poulpe ou calamar
      • 20 à 25 g de hareng, de maquereau, de sardines, de thon en boîte
      • 80 g de saumon
    • Côté viande
      • 2 à 4 grammes de foie ou de rognons de bovins et ovins (boeuf, agneau, veau…)
      • 5 g de foie ce canard
      • 10 g de foie de porc
      • 15 g de foie de volaille
      • 17 g  de coeur de veau
      • 24 g de cervelle
      • J’arrête là je me sens mal 😉
      • ah, et, à titre de comparaison, il faudrait manger 800 g de blanc de poulet pour atteindre la dose minimale de B12, vous l’aurez compris, ce sont donc les abats qui sont pleins de vitamine B12.

Même pour les omnivores, il est possible de drastiquement réduire l’impact environnemental lié à la consommation de viande et de poisson si on se limite aux doses ci-dessus.

Source: décorticage minutieux (et fastidieux) d’une fonctionnalité de https://cronometer.com

Manger des produits enrichis ?

D’après NutritionFacts.org la source la plus fiable ne serait pas la viande… Mais les produits enrichis en B12 ! Si on en croit cette vidéo.

Mon choix personnel

Actuellement, je mange 2 oeufs tous les matins. J’ai donc décidé de compléter avec 40 g d’emmental. Cependant, comme j’essaie de ne plus consommer de produits issus de vaches (dont l’impact écologique reste bien supérieur à celui du poulet, par exemple), je garde l’option de manger à nouveau des quantités minuscules de produits animaux afin d’avoir la dose de B12 nécessaire.

Et vous ?

Quel est votre régime alimentaire ? Quel équilibre avez-vous trouvé entre écologie, santé, plaisir et convictions personnelles ? Partagez votre expérience en commentaire de cet article 🙂

3 réflexions sur « Vitamine B12, santé et écologie »

  1. Bonjour,

    Merci pour ton article, je ne suis pas végétarienne mais consomme très très peu de viande. J’essayais de réduire les oeufs et le fromage mais dernièrement je me suis intéressée au sujet de la B12 et comme toi je trouve illogique de consommer des compléments synthétiques. J’ai eu des difficultés à trouver des informations non contradictoires. Je mange actuellement un oeuf et un bout de fromage (comté, morbier ou cancoillote) en moyenne par jour. Je ne sais pas si c’est suffisant sachant que selon la cuisson de l’oeuf le taux de B12 n’est pas le même. Je vais continuer à me renseigner.

    Bonne continuation,

    Marie

    1. Merci Marie pour votre commentaire !

      Pour la B12 je pense que vu ce que vous mangez vous devriez être dans les quantité recommandées, sachant que le stock de B12 est très grand dans corps, vous avez le temps de vous ajuster (les vegans qui ne prennent pas de complément en B12 du tout ont environ 2 ans avant de voir apparaître des problèmes liées au déficit de cette vitamine). Dans le doute ceci dit, n’hésitez pas à faire un test sanguin !

  2. Petite liste de produits qui ne sont pas des sources fiables de vitamine B12 :

    On entend parfois dire “les personnes végétariennes n’ont pas besoin de complément de B12 car elles mangent des œufs”, “la spiruline est une source de B12 pour les véganes”, etc. Ces affirmations sont erronées. Voici une liste de produits souvent évoqués comme étant une source fiable de B12 alors qu’ils ne le sont pas :

    ŒUFS
    Les œufs des poules contiennent de la B12. Cependant, comme pour tout nutriment, il n’y a pas que la teneur qui compte mais aussi la biodisponibilité. Or, la B12 contenue dans les œufs n’est biodisponible qu’à moins de 9 % pour l’organisme. Pour espérer atteindre les apports recommandés en B12 avec les œufs, il faudrait en manger une quantité délétère.

    MIEL
    Le miel est perçu comme un “produit animal” car il est issu de l’exploitation des abeilles Apis mellifera. Mais c’est un produit végétal, qui ne contient pas du tout de B12.

    SPIRULINE, CHLORELLE, NORI, WAKAMÉ ET AUTRES ALGUES

    Certains de ces produits contiennent des molécules analogues à la B12, qui sont inactives et ne peuvent donc pas être utilisées par l’organisme, voire perturbent l’assimilation de la B12 et/ou sont susceptibles de fausser les bilans sanguins (ce qui peut masquer une carence). Aucun ne permet d’assurer des apports adéquats et sécurisants.

    CHAMPIGNONS, LEVURES, PRODUITS FERMENTÉS / KOMBUCHA, GRAINES GERMÉES
    On entend parfois dire que les champignons (notamment les Shiitakés), la levure, le levain, les produits à base de soja fermenté, la choucroute, les graines germées, etc., contiendraient de la B12. Or, soit ils en contiennent des quantités beaucoup trop infimes ou trop variables, soit ils n’en contiennent pas du tout, à moins d’avoir été spécifiquement enrichis comme certaines levures de bière (mais même cela ne garantit pas des apports adéquats et faciles à maîtriser).

    TERRE / FRUITS & LÉGUMES NON LAVÉS, LÉGUMES-RACINES / TUBERCULES, EAU
    Ces produits ne permettent pas d’obtenir des apports adéquats. La terre, ainsi que l’eau non traitée ou non filtrée présentent en outre de grands risques sanitaires (botulisme, tétanos, légionellose…) liés aux bactéries, virus et autres parasites qu’elles contiennent.

    CYPRINE, SPERME, URINE ET AUTRES EXCRÉMENTS, ETC.
    Ces types de sécrétions et de fluides corporels ne permettent pas d’obtenir des apports adéquats, présentent des risques sanitaires majeurs et des contraintes logistiques évidentes.

    EN CONCLUSION
    Lorsqu’on a “végétalisé” son alimentation, l’option la plus sécurisante et la plus simple pour obtenir de la vitamine B12 est de prendre un complément alimentaire adapté.

    Dans l’intérêt des autres animaux, soyons véganes et méfions-nous des rumeurs et des idées reçues !

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