Toilettes sèches : comment ça marche, et pourquoi ça ne sent pas mauvais

Les toilettes sèches, est-ce le passé ou le futur ? Pour en savoir plus, j’ai interviewé, lors du salon Marjolaine, le concepteur de toilettes sèches Dominique de la société MADOM. Il nous en dit plus sur le fonctionnement et sur les erreurs de jugement qu’on peut faire sur les toilettes sèches.

 

Philippe Raynaud, Ecolozen : je suis avec Dominique de la société MADOM qui fait des toilettes sèches. Pour avoir discuté houleusement avec ma compagne qui m’a dit « Si tu installes des toilettes sèches à la maison, je te quitte », parlons-en 🙂 est-ce que ça sent mauvais ? Est-ce que c’est sal ? Personnellement je suis entré dans ces toilettes sèches et je trouve que ça ne sent rien… Mais demandons surtout à Dominique le fonctionnement.

Dominique, MADOM : le principe des toilettes sèches et le fait qu’il n’y ait pas d’odeur s’explique par le fait qu’on rajoute des copeaux sur les excréments. Les excréments étant riches en azote, quand on ajoute des copeaux de bois qui sont riches en carbone, on instaure une combinaison entre le carbone et l’azote qui empêche les odeurs, puisque les odeurs proviennent de la dégradation de l’azote qui va passer par des stades comme l’ammoniac – qu’on connaît bien et qui sent mauvais. Donc, on n’a pas d’odeur, ce qui s’explique d’une façon chimique mais [NDLR : due à la dégradation] naturelle.

PR : après, que fait-on du mélange d’excréments et de copeaux de bois ?

DM : les déchets de toilettes sèches vont être transformés en compost puisque lorsqu’on récupère ce qu’on produit dans les toilettes sèches, et qu’on les met dans des composteurs. Au bout de 2 à 3 ans, on pourra avoir un compost qui est le fruit du travail de milliards de bactéries ainsi que d’insectes et de crustacés, mêmes, car les cloportes, qui sont des crustacés, interviennent également dans le processus. Ce compost qu’on va obtenir sera débarrassé  des bactéries, des virus, des molécules chimiques, des hormones… Tout ce qu’on peut rejeter dans les toilettes, puisque ce processus de compostage, qui est extrêmement complexe, va réduire à néant tous ces effets indésirables qu’on pourrait redouter de trouver dans le compost. On pourra donc réutiliser ce compost dans son jardin en toute sécurité.

PR : comment se passe concrètement la gestion des déchets ? On a un énorme seau en dessous des toilettes, pour les stocker ? Du coup, faut-il vider ce seau ailleurs ou on le remplit pendant deux ans ?

DM : on récupère les déchets des toilettes dans un bac de récupération.  Lorsque ce bac est plein, on le vide dans le composteur. Effectivement, on pourrait se passer de composteur et jeter ses déchets dans la poubelle mais le concept même des toilettes sèches inclut la refabrication d’un compost qui nous permet de réintroduire dans la terre tous les éléments qu’on a retirés de la terre pour se nourrir. Ainsi, la boucle est bouclée, on prend à la terre pour se nourrir, et on remet à la terre de la nourriture pour qu’elle même puisse nous nourrir à nouveau.

PR : ce genre de toilettes se trouve seulement à l’extérieur ou on peut en installer dans une maison ?

DM : oui, bien sûr, on a toute une gamme qu’on peut installer à l’intérieur, ce sont des modèles différents de ceux d’extérieur. Les modèles d’intérieur sont vraiment dimensionnés pour fonctionner en intérieur, cependant le fonctionnement reste le même, il faut remettre des copeaux sur les excréments et les récupérer par le bias d’un seau beaucoup plus petit et les mettre dans le composteur. Il y a plusieurs modèles qu’on peut décorer soi-même avec plusieurs niveaux de confort et de taille.

En savoir plus sur les toilettes MADOM :
http://toilettes-seches-madom.com/

 

 

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